Le chef d’orchestre a dit : « Allez, on reprend », alors j’ai recommencé, mais à ce moment-là, j’ai encore fait une erreur !
Je me suis arrêté et je me suis dit : « Il y a quelque chose qui ne va pas, mais je ne sais pas quoi… »
J’étais un français en Allemagne, avec 40 musiciens allemands qui me regardaient tous. Ils s’étaient d’abord moqués en disant : « Ah les français ! Super ! Bravo ! Tellement de classe ! » mais après la deuxième prise, le silence était assourdissant. Personne ne savait quoi dire et je sentais que le chef d’orchestre se demandait si j’allais réussir ou non à jouer ma partition. La pression était immense mais j’ai pris mes baguettes et j’ai de nouveau essayé.
Le crash total. Un désastre.
Le chef d’orchestre m’a regardé comme pour dire : « Cela ne peut pas être vrai, ce n’est pas possible ! »
Je me suis senti pétrifié. J’ai laissé tomber mes baguettes sur ma caisse claire et je me suis assis. J’étais choqué.
Le chef d’orchestre m’a regardé et a murmuré : « Ça va, Patrice ? »
Mon visage a dû me trahir – j’avais l’air confus comme si j’étais complètement ailleurs. Ça n’a pas dû particulièrement lui inspirer confiance.
J’ai fermé les yeux et tout le monde a cru que j’allais m’évanouir.
Je ne m’évanouissais pas. J’ai fermé les yeux parce qu’il y avait 40 musiciens qui m’attendaient. Ils comptaient sur moi, et j’ai dû recourir à la régulation émotionnelle Tipi pour m’en sortir et franchir l’obstacle qui se mettait en travers de mon chemin.